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© 2019, Compagnie BAL Arts Légers — Compagnie de théâtre
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Il parie sur la culture pour améliorer le quotidien des quartiers sensibles — Nice Matin +

Thierry Vincent est comédien, auteur et metteur en scène. Avec la Compagnie BAL, il se produit dans des quartiers défavorisés. Son but: améliorer l’accès à la culture et aller à la rencontre du public.

 

Voir la video : Interview de Thierry Vincent

Plus impactés par le chômage de masse et la pauvreté, les quartiers populaires sont aussi plus éloignés des lieux culturels. Pourtant, selon ces deux acteurs du monde associatif, la culture a un rôle primordial dans la qualité de vie, en particulier des plus jeunes.

Boulodrome de Las Planas, à Nice-Nord. Sur le terrain de pétanque, les comédiens de la compagnie BAL en costume beige et doré n’attendent plus que leur public. Mais devant eux, les chaises installées en arc de cercle demeurent vides. Sur le stade attenant, des enfants jouent au foot. Thierry Vincent, metteur en scène, auteur et comédien, reste optimiste: « On va encore attendre un peu que des gens arrivent ».

Pari réussi: 30 minutes après l’heure de début annoncée, les cinquante places prévues sont occupées, principalement par des mamans et leurs enfants. Le spectacle peut commencer.

Ce soir, on joue Tombés du ciel, une comédie inspirée des Métamorphoses d’Ovide. Le public, captivé, rit aux éclats. « On a partagé un texte des Métamorphoses d’Ovide, et on a pu le faire résonner ici, entre les habitations de Las Planas. Il y a eu des rires sur des légendes qui animent ces livres depuis 2 000 ans », se réjouit Thierry Vincent.

Aller à la rencontre du public chez lui

Dans le quartier Las Planas, 35% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. C’est 14 points de plus que la moyenne niçoise. « Le théâtre a la chance de pouvoir être joué dans des endroits où il n’y a pas de théâtre. L’idée, c’est d’aller à la rencontre du public dans ses lieux de vie à lui, explique Thierry Vincent. C’est un peu d’Artagnan: « Si tu ne viens pas à moi, je viens à toi ».

« La culture, ça permet de sortir de sa réalité matérielle, de son quotidien. Ça permet de réfléchir, de s’exprimer, de voir un monde plus large », abonde Philippe Danae, éducateur spécialisé dans le quartier des Moulins. Selon lui, elle peut être un rempart qui empêche certains jeunes de tomber dans la délinquance: « Pour résister à ces sirènes qui te disent « prends des risques », il faut avoir un intérieur bien rempli. La culture, justement, remplit l’intérieur, elle vous rend moins sujet au vide. »

“L’excitation, la reconnaissance … On peut trouver tout ça dans un cours de théâtre!”

« Si des jeunes se mettent à vendre des stupéfiants, c’est bien sûr pour des raisons économiques, mais c’est aussi parce qu’ils viennent chercher de l’excitation, des histoires à raconter, de la reconnaissance. Et on peut trouver tout ça dans un cours de théâtre ! » Et de comparer le rôle de la culture à celui du football chez les jeunes des quartiers défavorisés: « Pourquoi le foot a autant d’impact sur des gamins pour qui ça ne marche pas à l’école? Parce qu’ils y trouvent du sens, de la reconnaissance, et parce qu’ils ont quelque chose à perdre. Quand on n’a rien à jouer, on se jette sur la première proposition ».

50 spectateurs, enfants et parents, sont restés captivés durant une heure