Avant-propos
Synopsis
Une reprise en main de son histoire par la Petite marchande aux allumettes imaginée jadis par Hans Christian Andersen.
Sa dernière allumette n’ira certainement pas à sa mère-grand ! Mais la voici prenant la parole, demandant des comptes au conteur qui la laissa à terre un soir d’hiver.
Ce qu’elle lui réclame en cette nuit de Saint-Sylvestre ? Un tout nouvel éclairage : des lendemains qui chantent !
Autour de la création
Ce texte a bénéficié d’une résidence d’écriture au centre culturel de la Providence, dans le cadre de l’appel à projet Rouvrir le monde mis en place l’été 2020 par la DRAC PACA-Sud en soutien aux artistes de la Région et à la pratique artistique des enfants accueillis dans les centres de loisirs, de vacances et structures spécialisées. Début 2021, BAL entre en résidence de création à l’Entre-Pont, avec un projet d’Éducation Artistique et Culturelle pour une classe de CE2 de l’école élémentaire Aimé Césaire de la Ville de Nice.
Distribution
Le mot de l'auteur
Thierry Vincent
La littérature pour l’enfance des siècles passés offre à notre sensibilité contemporaine tant de personnages dignes de films d’épouvante : adultes monstrueux que sont les ogres et les sorcières, parents infanticides, enfants faméliques perdus dans l’obscurité, dont seuls les plus chanceux arrivent à trouver en eux l’ultime ressource : la ruse d’Ulysse pour échapper aux dangers d’un destin couru d’avance.
Qu’un loup croque un enfant sans autre forme de procès… Qu’une fillette pauvre meure dans la neige à la nuit si douce de la Saint Sylvestre… Quelle cruauté, quelle injustice ! Depuis la déclaration universelle des droits des enfants, bien du chemin a été parcouru, n’est-ce pas ? Combien sommes-nous plus humains et civilisés qu’autrefois ! Car de nos jours, laisserions-nous disparaître un petit être dans l’indifférence, l’anonymat et le froid ?
Et pourtant… une image vient perturber cette belle certitude : une photo-reportage, celle du corps d’un petit garçon noyé, étendu sur une plage de sable, mort comme la petite marchande. Le froid et l’eau ont coupé court le fil ténu de la vie de ces jeunes êtres. Et nous qui savons presque tout maintenant de notre vaste monde devenu avec la mondialisation notre grande maison, ignorons-nous que cet hiver encore, des enfants sont morts de froid ? Plus ici-même, mais pas loin, allez, à vol d’avion, à deux pas de chez nous.
Alors je souhaite écrire sur la pauvreté, cette « incapacité » à obtenir de quoi manger, se nourrir, se loger, se soigner correctement. La pauvreté qui empêche les enfants de grandir dignement et éveille en eux un ennemi mortel : la honte.
J’ai donc choisi de faire renaître de ses cendres la petite marchande. La petite allumette que je souhaite rallumer dira stop !, représentant la parole libérée des enfants d’aujourd’hui qui ne supportent pas les injustices sociales, l’oubli des plus fragiles, des laissés-pour-compte. Les enfants ont bien heureusement perdu leur étymologie (« celui qui ne sait pas encore parler »). On les laisse s’exprimer. Andersen avait laissé la petite marchande muette, sans nom, sans voix, sans plainte et sans soutien. Mon dessein est de faire surgir en Allumette la parole de celles et ceux qui, dans la vie ou les livres, ne la prennent pas.